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soit lui avoir donné ordre devenir d'Angleterre faire la guerre en France; sinon qu'on le tenoit pour la seconde personne de France.
Il dit aussi qu'il n'avoit fait mai ou offense à per­sonne; qu'il étoit prisonnier de guerre, et qu'on ne lui gardoit pas les promesses qu'on lui avoit faites à Dam-front quant il s'y rendit, entre les mains du seigneur de Vassé, à charge expresse qu'il auroit vie-et bagues sauves.
Il ne voulut pas se confesser à nostre maistre Vigor ('), archeveque" de Narbonne, qui s'alla presenter à lui en la chapelle pour l'admonester, ni prendre ou baiser la croix qu'on a accoutumé de presenter à tous ceux qu'on mené au dernier supplice, ni aucunement écouter le prêtre qu'on avoit mis auprès de lui, même à un cor­delier qui, le pensant divertir de son erreur, lui com­mença à parler et dire qu'il avoit eté abusé. Le regardant fermement, lui répondit : « Si je l'ai eté, ç'a eté par ceux « de vostre ordre ; car ce fut un cordelier qui me bailla « le premier une Bible en françois, dans laquelle j'ai « apris la religion que je tiens, qui seule est la vraye, « et en laquelle y ayant depuis vécu, je veux , par la « grace de Dieu, y mourir aujourd'huy. »
Etant venu sur Péchafaut, il pria le people de prier Dieu pour lui, recita tout haut le symbole, en la con­fession duquel il protesta de mourir; puis ayant fait sa priere à la mode de ceux de la religion, il cuit la teste
tion ; -mais il le désignent assez en disant qu'on le tenoit pour la se­conde personne de France. C'étoit le duc d'Alençon, qui avoit Iraité avec les protesta-.». Le roi* de Navarre et 1e prince de Cornié -étoient entrés dans cette ligue.
(1) Nostre maistre Vigor : Simon Vigor, un dès douze docteurs dc Sorbonne que Charles ix avoit envoyés au concile de Trente.
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